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    Le drapeau


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  • Victor Schœlcher, homme politique français du XIX° siècle, est célébré à travers la France entière comme étant le « père de l’abolition définitive de l’esclavage« . Billet de banque à son effigie, villes à son nom et nombreuses statues à sa gloire, Schœlcher est-il véritablement le « libérateur des Noirs » que l’on nous présente ? Qu’en était-il réellement ? 

    Si l’on en croit le récit national français, Victor Schœlcher, humaniste parmi les hommes, aurait apporté la liberté aux Noirs. Ce serait, nous enseigne-t-on, par pure philanthropie que cet abolitionniste aurait mené le combat pour l’émancipation des esclaves. Le nom de Schœlcher est loué par la République, dont il est un symbole, pour son Décret d’abolition de l’esclavage en 1848. Remettre en cause son action bienfaitrice relèverait presque du blasphème. Exagération dites-vous ?

    • En 1888, la ville de Case-Navire en Martinique a été rebaptisée Schœlcher en son honneur.
    • En 1952, un billet de 5 000 francs à l’effigie de Victor Schœlcher s’échangeait en Martinique.
    • Gaston Monnerville l’a fait inhumer au prestigieux Panthéon, pour rendre hommage au héros de la franc-maçonnerie coloniale.
    • Aimée Césaire dira de lui dans Extrait de l’introduction de Esclavage et colonisation, recueil de textes de Victor Schœlcher, 1948 qu’il « dépasse l’abolitionnisme et rejoint la lignée de l’homme révolutionnaire« 

    Mais au-delà de l’image d’Épinal que l’on dresse de cet homme, quelle a vraiment été la réalité de l’abolition de l’esclavage ? Victor Schœlcher doit-il  être considéré comme le « bienfaiteur des Noirs » ?

    Schœlcher est né à Paris le 22 juillet 1804. Après avoir fréquenté le Lycée Condorcet, il devient journaliste. C’est à partir de 1826, qu’il se consacre, selon la légende, à la cause abolitionniste. Entre 1829 et 1830, il visite les Amériques. Ce sera l’occasion pour lui de d’étudier l’esclavage. Dès lors, il militera pour l’abolition de l’esclavage. De retour en France, il est initié à la Franc-maçonnerie, notamment par la loge « La Clémente Amitié« .

    Cependant, même si l’on fait de Victor Schœlcher le « gentil parrain des esclaves« , il convient d’y mettre de la nuance.

    « les nègres, sortis des mains de leurs maîtres avec l’ignorance et tous les vices de l’esclavage, ne seraient bons à rien, ni pour la société ni pour eux-mêmes » [1]

    Comme vous avez pu vous en rendre compte, la libération inconditionnelle des Noirs n’a pas toujours été le souhait de Schœlcher, dans les premiers temps de son militantisme, il n’est pas en faveur d’une abolition immédiate et totale :

     « je ne vois pas plus que personne la nécessité d’infecter la société active (déjà assez mauvaise) de plusieurs millions de brutes décorées du titre de citoyens, qui ne seraient en définitive qu’une vaste pépinière de mendiants et de prolétaires » [2]

    Trois ans plus tard, dans « De l’esclavage des Noirs et de la législation coloniale » il confirmera cette tendance. Abolir l’esclavage sans préalable en 1833 n’était pas concevable pour Victor Schœlcher. À cette époque, il s’agissait pour lui de voter des lois limitant l’esclavage, d’accorder des droits aux esclaves et de limiter de facto les droits des esclavagistes. Il est notamment à noter que la pratique du fouet à l’encontre des Noirs ne constituait pas « une injure à la dignité humaine » :

    « Le fouet est une partie intégrante du régime colonial, le fouet en est l’agent principal ; le fouet en est l’âme ; le fouet est la cloche des habitations, il annonce le moment du réveil et celui de la retraite ; il marque l’heure de la tâche ; le fouet encore marque l’heure du repos ; et c’est au son du fouet qui punit le coupable, qu’on rassemble soir et matin le peuple d’une habitation pour la prière ; le jour de la mort est le seul où le nègre goûte l’oubli de la vie sans le fouet. Le fouet en un mot est l’expression du travail aux Antilles. » [3]

    C’est finalement en 1840 que Schœlcher milite pour une abolition « sans condition » de l’esclavage. Néanmoins, s’il reconnaît que « l’intelligence de l’homme noir est parfaitement égale à celle de l’homme blanc« , il semble faire une crise de colonialisme aiguë en affirmant :

     « Il en est [des esclaves] qui ne paraissent guère moins bornés que les conscrits auxquels on est obligé de mettre du foin dans un soulier et de la paille dans l’autre pour leur faire distinguer le pied gauche du pied droit, ou bien encore que les paysans alsaciens, pour la tranquillité desquels on a été obligé de faire bénir solennellement le chemin de fer de Strasbourg, parce qu’ils croyaient les locomotives animées du feu de l’enfer. Nous accordons enfin que la masse des nègres, tels qu’ils sont aujourd’hui, montre une intelligence au-dessous de celle de la masse des blancs » [4]

    Le gouvernement provisoire de 1848 le nommera sous-secrétaire d’État à la Marine et aux colonies. C’est à ce poste qu’il plaidera en faveur de l’adoption du décret sur l’abolition de l’esclavage dans les Colonies. Le 27 avril 1848, le Gouvernement provisoire de la 2nde République ratifie le décret devant prétendument abolir l’esclavage, une seconde fois, dans l’ensemble de l’Empire colonial français [5].

    Nous disons « prétendument », car même si l’article 8 de la loi dispose qu’il « est interdit à tout Français de posséder, d’acheter ou de vendre des esclaves (...) » sous peine de se voir retirer « la qualité de citoyen français », dans les faits cette disposition légale n’est pas appliquée à 100 %. En fait, entre 1848 et 1870, le décret d’abolition est très mal appliqué et bien souvent bafoué. Dans de bien nombreux cas, les autorités coloniales françaises ont ressuscité les vieilles pratiques esclavagistes à travers des arrêtés de « police du travail » qui imposaient des restrictions de liberté [6] :

    • Après de nombreux arrangements avec la loi, et autre entourloupe juridique, les esclavagistes français de Louisiane ont pu user et abuser de leurs esclaves jusqu’à la fin de la Guerre de Sécession [7]
    • En Algérie, le décret d’abolition de l’esclavage ne sera que peu suivi d’effet dans les campagnes.
    • Au Sénégal, le gouverneur expulse les esclaves fuyant les Maures esclavagistes. Il s’agit pour la France, malgré le décret d’abolition, de rester en bon terme avec ceux qui assurent le ravitaillement de la colonie, quitte à truander avec ses propres principes.
    • Aux Amérique, l’interdiction de l’esclavage sera contournée en faisant venir des « travailleurs sous contrat » de la Chine ou d’Inde. Il s’agit d’un esclavage modernisé qui ne dit pas son nom.

     

    Schœlcher, qui déclarait dans sa pétition : « parce que l’affranchissement des nègres français entraînera l’émancipation de toute la race noire » [8] était en réalité bien loin du compte.

    Rappelons, de plus que se sont les anciens esclavagistes qui ont été indemnisés par la France pour le crime qu’ils avaient commis. L’ancienne population servile n’a pas reçu le moindre centime. Pour Schœlcher, l’abolition de l’esclavage allait de paire avec une :

    « Indemnité [9] pour le maître, au prorata de ses valeurs, payable en deux termes. » [10]

    Il approfondira sa réflexion et enfoncera le clou en déclarant :

    « Contrairement à l’opinion d’abolitionnistes pour lesquels nous professons du reste un grand respect, et quelque vive répugnance que l’on puisse éprouver à indemniser des maîtres pour leur arracher leur propriété humaine, nous croyons qu’une compensation leur est due. Ce n ‘est pas que nous soyons tentés de sacrifier le grand principe de la liberté, ce n’est pas que l’esclavage ait jamais été légitime à nos yeux, mais nous ne pouvons oublier qu’il a été institué et maintenu légitimement« . [11]

    La notion d’indemnisation des criminels (puisque que depuis la loi Taubira l’esclavage est reconnu par la France comme un crime contre l’Humanité) est d’ailleurs inscrite noir sur blanc à l’article 5 du décret d’abolition qui dispose que :

    « l’Assemblée Nationale règlera la quotité de l’indemnité qui devra être accordée aux colons »

    Le 30 avril 1849, une loi a octroyé 12 millions de francs d’indemnité aux esclavagistes en dédommagement de la libération de leurs 248 500 esclaves. Et rien pour les victimes de l’esclavage.

    Enfin, ce que l’on oublie souvent de mentionner, c’est que Victor Schœlcher a été du rang des colonialistes. À ce sujet, Nelly Schmidt, historienne chercheuse au CNRS, qui s’intéresse à l’histoire des Caraïbes, aux abolitions de l’esclavage et aux politiques coloniales, disait :

    « Qu’il suffise de rappeler par exemple qu’en 1853 Schœlcher assimila la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie à un « vol à main armée » qui conduirait « au bagne dans tout pays civilisé » mais qu’il considérait que l’Europe, en « tournant ses regards vers l’Afrique », en « s’occupant d’y porter la civilisation » y ouvrait un marché où « les produits de l’industrie européenne trouveraient 200 millions de consommateurs » » [12]

    Schoelcher, sachons-le, était comme bon nombre de ses contemporains, colonialiste et paternaliste. Il était de surcroît assimilationiste.

    Mais par-dessus tout, ce qu’il faut que nous gardions en tête, c’est que personne n’a libéré les esclaves. Il se sont libérés eux-mêmes en ne laissant pas d’autre choix aux autorités coloniales que d’abolir l’esclavage. Ce sont les révoltes à répétition qui ont obligé les esclavagistes à changer de moyen d’oppression (de l’esclavage à la Colonisation). Le cauchemar qu’a inspiré le Révolution haïtienne aux planteurs craignant pour leur vie aura jouer, sans doute plus que Victor Schœlcher dans l’émancipation des Noirs. La France n’avait pas d’autre choix que re-déployer des stratégies de gestion de la population « Nègre« .

    L’historien martiniquais Georges Mauvois écrit au sujet de complot d’esclaves en Martinique en 1831 :

    « Dans la Martinique du début du XIXe siècle, Haïti n’est pas loin des enjeux locaux. Les colons s’émeuvent aisément du “péril haïtien”, et (à l’opposé) les populations asservies recherchent dans l’indépendance haïtienne un modèle de construction d’une alternative politique. » [13]

    Pour la brésilienne Sílvia Hunold Lara, au XIX° siècle, au Brésil, la peur des classes possédantes change d’objet : le marronnage héroïque, mais circonscrit, du Quilombo do Palmares a fait place à l’horreur d’une révolte victorieuse à l’haïtienne :

    « En tenant compte des précautions d’usage, il semble que la peur de Palmarès ait été une constante tout au long du XIIIe siècle. Au xixe siècle, en revanche, la peur des propriétaires semble s’être de plus en plus fixée sur la révolte de Saint-Domingue, allant jusqu’à entrevoir à chaque pas le péril de “l’haïtianisme”. » [14]

    Martin Lienhard confirme le même point de vue :

    « L’exemple haïtien avait impressionné, bien sûr, les esclaves des autres îles et de tout le pourtour caraïbe, mais aussi, et peut-être davantage, leurs maîtres, qui craignaient comme la peste la répétition d’une expérience analogue dans leurs pays respectifs. » [15]

    Des révoltes d’esclaves éclatent en Martinique le 22 mai 1848, forçant le gouverneur Lalyre à abolir l’esclavage dans l’île. D’autres insurrections surviennent en Guadeloupe, en 1793 puis en 1802 où des officiers afro-descendants, Ignace, Massoteau, et Louis Delgrés, retournent leurs fusils contre l’armée française à la solde du système négrier.

     Non, les Noirs n’ont aucunement à remercier Victor Schoelcher qui est loin du « bienfaiteur de la race » noire que l’on veut faire de lui. Ceux que nous devons remercier, ce sont nos ainées qui malgré l’adversité n’ont eu de cesse de lutter contre l’oppression raciste des plantations. Puisse leur courage, leur résilience ainsi que leur amour de la liberté guider nos actes pour le bien-être de la communauté afro.

    Notes et références :

    [1] Victor Schœlcher, « Revue de Paris« , 1830.

    [2] Idem.

    [3] Victor Schoelcher, « Des colonies françaises. Abolition immédiate de l’esclavage« , 1842.

    [4] Idem.

    [5] L’esclavage a été aboli une première fois le 29 août 1793. La loi du 16 pluviôse de l’An II (4 février 1794) est le premier décret de l’abolition de l’esclavage dans l’ensemble des colonies françaises.

    [6] Oruno D. Lara, La Liberté assassinée : Guadeloupe, Guyane, Martinique et la Réunion en 1848-1856, 2005.

    [7] Lawrence C. Jennings, La France et l’abolition de l’esclavage 1802-1848, 2010.

    [8] pétition publiée par la Société Française pour l’Abolition de l’Esclavage, 1847

    [9] Indemnité (nom féminin du bas latin indemnitas) : « Somme d’argent destinée à dédommager quelqu’un d’un préjudice subi.« , Dictionnaire Larousse en ligne.

    [10] Victor Schœlcher, « Abolition de l’esclavage. Examen critique du préjugé contre la couleur des africains et des sang-mélés« , 1830

    [11] Victor Schœlcher, « La vérité aux ouvriers et cultivateurs de la Martinique, suivie des rapports, décrets, arrêtés … concernant l’abolition immédiate de l’esclavage« , 1849

    [12] Nelly Schmidt, « Victor Schœlcher« , Fayard,

    [13] Georges Mauvois, Un Complot d’esclaves, 1831

    [14] Sílvia Hunold Lara, Do Singular ao Plural, Palmares, Capitães-do-Mato e o Governo dos escravos in João José Reis et Flávio dos Santos Gomes

    [15] Martin Lienhard, Le Discours des esclaves de l’Afrique à l’Amérique latine (Kongo, Angola, Brésil, Caraïbes), 2001

    http://nofi.fr/2017/05/noirs-doivent-remercier-victor-schoelcher-labolition-de-lesclavage/38699


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  • Homme de paix intérieure, ami des stars  et businessman accompli : ce médecin américain, né en Inde, est passé de l’auscultation à la méditation. 

    Le Figaro.fr/madame. - Politiques et économistes d’est en ouest n’ont qu’un mot à la bouche : la croissance. Est-ce bien raisonnable aujourd’hui d’imaginer, à travers la méditation notamment, un chemin vers la diminution de nos désirs, de nos besoins, de nos appétits ? Êtes-vous, Deepak Chopra, un homme raisonnable ?
    Deepak Chopra. - Suis-je un homme raisonnable ? Je ne peux pas répondre, c’est à ceux qui me rencontrent de le dire. Mais je pense que la raison est conditionnée par une empreinte sociale, un cadre qui varie selon les époques. La méditation n’est pas une affaire de raison, elle propose d’aller au-delà de la raison. Comme disait l’un de vos grands auteurs français, Blaise Pascal : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. » Je me place du côté du cœur.

    Quelle est votre définition de la méditation ?
    C’est une pratique universelle, qui consiste à développer une attention au moment présent. On remonte le courant pour aller au-delà de l’esprit empli de nos pensées, de nos émotions et de nos sensations vers un état de silence, de présence, qui débloque l’énergie et nous relie à notre moi profond.

    Rester assis en silence déconcerte parfois. Cela s’apprend-il ?

    Il n’y a rien à apprendre. Il n’y a pas non plus à chercher à être silencieux, car c’est encore vouloir. Vous ne videz pas votre esprit en essayant de le vider de ses pensées, car c’est encore une pensée. Il y a à laisser remonter le silence à la surface. La méditation, c’est être au monde. La difficulté est de comprendre qu’être au monde ne demande pas d’effort.

    Nous manquons de temps, nous réclamons du temps, nous courons après un temps que nous avons peur de gaspiller… Qu’est-ce qui nous a conduits là ?
    Je ne suis pas d’accord ! Nous avons l’éternité, si notre attention est tournée vers l’instant présent. Mais à l’ouest du monde, on éduque les gens en leur répétant qu’il y a un point d’arrivée à atteindre. Donc, chacun garde l’œil rivé sur ce point, au loin. Moi, je pense que si notre attention se préoccupe avant tout du futur ou du passé, alors le temps nous dévore tout cru. La meilleure façon d’expérimenter le temps est de vivre pleinement le moment présent, d’être persuadé que c’est ce moment-là qui est le plus important.

    Dans des vies professionnelles intenses et actives, être et agir en même temps en étant pleinement conscient du moment présent, c’est loin d’être facile ! 

    Si vous souhaitez agir avec efficacité dans le moment présent, mon conseil est : poursuivez l’excellence, ignorez le succès. Tant que vous demeurez collé à un objectif de résultat, le temps se rit de vous et épuise vos forces. Ma façon personnelle de procéder est de parcourir les vingt-quatre heures d’un jour en séparant nettement temps de sommeil, de méditation, de travail, de liens avec les autres, temps connecté et temps de loisir. Quand je travaille, je ne fais rien d’autre ; quand je vous parle, je ne fais rien d’autre. Si vous voulez utiliser le temps sagement, ne faites jamais plusieurs choses à la fois. Je sais que c’est un mal endémique de notre civilisation ! Mais se penser et se vivre comme un être multitâche ruine notre cerveau, et c’est l’une des rares choses qui empire avec la pratique. Il me semble que la manière la plus efficace de travailler est de le faire avec un esprit apaisé, dans un corps énergique et l’âme légère.

    Les « Tu dois ! » de tous ordres - « être forte, être efficace, être à la hauteur… » - sont un autre mantra de l’époque. Ces injonctions affectent-elles les corps, et si oui, comment ? 
    Bien sûr, les corps encaissent les coups et les dommages de trop de discipline, d’ambition, de plans sévères de carrière que l’on construit à bout de bras. Le stress est associé à de multiples formes d’inflammations, de troubles du rythme cardiaque et, bien sûr, d’addictions au travail, au succès, à la nourriture, à l’alcool ou à la drogue… Il s’agit d’un mécanisme échappatoire dans lequel, en fin de compte, la personne n’a jamais assez… de ce qu’elle ne veut pas.Il est toujours possible de retrouver cette sensation du corps

    Sur ces addictions est porté généralement un regard culpabilisateur…
    Oui, car la culpabilité est un autre mélodrame de notre civilisation ! On ne peut pas continuer à fonctionner comme ça.

    Les femmes notamment racontent combien, plus elles occupent des positions de leadership, plus elles se sentent coupées de leurs corps, de leurs sensations…
    Parce qu’elles sont en compétition avec des hommes dans un environnement dont les règles ont été fixées par eux. Si nous voulons que les femmes soient les leaders de demain - ce qui personnellement me semble plus que nécessaire tant les archétypes masculins sont arrivés à épuisement -, nous avons besoin d’une énergie nouvelle, qui mette l’accent sur l’attention, la joie, la compassion. Aux États-Unis, des femmes incroyables comme Arianna Huffington ou Hillary Clinton expriment cela dans leurs actes. Mais pour revenir au corps, il est toujours possible de se reconnecter à lui, même après des années de bagarre ou de déni. Il est toujours possible de retrouver cette sensation du corps. Il faut alors pratiquer la conscience du corps, le souffle et la respiration, des exercices réguliers de yoga par exemple, la méditation…

     "À 67 ans, je me sens un être global

    La méditation est-elle liée au plaisir ? 

    Elle est liée au plaisir, à la joie, à l’esprit ludique. Elle permet d’aller à la source de notre créativité. 

    On pourrait en dire autant de nombreux musiciens américains, de Charlie Parker à John Coltrane, de Kurt Cobain à Michael Jackson, que vous avez bien connus. Si créatifs et si désespérés. 
    Je pense qu’ils étaient créatifs et pleins de joie au début. C’est lorsque les uns ou les autres ont commencé à devenir terriblement attachés à leur image que la tragédie a occupé la place. Quand le narcissisme prend le pas sur tout le reste, la créativité demeure, mais l’âme est torturée.

    La méditation passe-t-elle par une certaine acceptation de la solitude ? 
    Oui. Mais les gens confondent souvent solitude et capacité d’être seul. La solitude est effrayante, la capacité d’être seul est précisément ce qui nous relie aux autres. La solitude est déconnexion, la capacité d’être seul connexion. Ma conviction est que la méditation amène en réalité l’individu « du je au nous » (« from me to we »). 

    Ce départ de votre terre natale, était-ce un gain, une perte, les deux ?
    Vous êtes jeune et plein d’esprit d’aventure, vous ne pensez pas aux difficultés… Vous savez, chaque gain est aussi une perte. À 67 ans, je me sens un être global. Dans dix ans, chacun d’entre nous se vivra ainsi j’espère ! Et dans vingt ou trente ans, les nations auront probablement été remplacées par une sorte de Netocratie ou Webocratie, on votera sur Internet pour approuver ou dénoncer des politiques culturelles, économiques et autres…

     "Je crois que l’âge est très gratifiant"

    Jeune homme, vous vous rêviez écrivain et vous êtes devenu médecin. Il n’est pas rare que ces deux ambitions marchent côte à côte : Oliver Sacks, Martin Winckler, Jean-Christophe Rufin… Autant de médecins devenus auteurs à succès. Quels ponts entre ces deux professions ?

    Les médecins passent leur vie à recueillir les histoires de leurs patients, et ils sont d’assez bons auditeurs, je crois, avant, pour certains, de transformer ces histoires en écrivant à leur manière. Moi, chaque matin, j’écris deux heures durant, c’est comme un exercice de méditation. C’est aussi une expérience viscérale ! Je me concentre sur mon cœur, et je vous assure que j’en sens chaque battement.

    Le bonheur et le bien-être sont une quête universelle et un formidable marché. Auxquels vous prenez part ? 
    C’est un marché que je préfère à celui des armes, de la drogue ou de la pornographie. Si le bonheur tend à devenir un marché global, ce n’est pas une mauvaise nouvelle, n’est-ce pas ?

    Le corps se met au diapason si l’on vieillit en paix

    Avez-vous peur de vieillir ? 
    Non. Ce qui me préoccupe, c’est l’état d’esprit et de conscience. Nous allons tous devenir vieux, et mourir. J’ai grandi en Inde, où je voyais des gens mourir dans leur propre maison, en famille et en paix. Aujourd’hui, il n’est plus question de cela, car beaucoup de gens sont obsédés par l’aspect physique du bien-être. Moi, je crois que l’âge est très gratifiant si vous vous attachez à l’aspect spirituel du bien-être. Qui résonne toujours d’une manière ou d’une autre sur votre corps : pression artérielle, taux hormonal, densité osseuse, fonctions immunitaires…, tout cela se met au diapason si l’on vieillit en paix. Je me lève à quatre heures du matin, je médite jusqu’à six heures. Je ne suis pas un homme stressé. Vous savez, le conseil de Gandhi était : « Devenez vous-même le changement que vous voulez voir advenir dans le monde. » La sagesse n’est pas quelque chose que l’on apprend, mais, sage, on le devient. Enseigner quoi, à qui ? Le mieux que l’on puisse faire est d’essayer de devenir l’exemple de ce que l’on pense. C’est le seul moyen de conduire le changement. 

    http://madame.lefigaro.fr/societe/deepak-chopra-lhomme-qui-fait-mediter-lamerique-190514-854180


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  • Dieselgate : la chute du géant allemand

    Le scandale des moteurs truqués Wolkswagen (2015)

    L'identité de l'homme qui a révélé le scandale a été dévoilée.

    Originaire de Cali, l'une des plus grandes villes du sud de la Colombie, Francisco Posada Sánchez avait pour objectif, en 2013, de comparer les émissions en NOx des diesels européens et celles des véhicules américains.

    Posada explique alors «qu'en laboratoire, le résultat était conforme mais une fois sur la route, il était bien différent. On a remarqué que l'une des voitures émettait alors entre 15 et 25 fois plus que la normale autorisée.

    Grace à un logiciel, un mécanisme se déclenche, lors de contrôle antipollution, permettait ainsi la limitation temporaire des émissions de gaz polluants (de gaz à effet de serre et de gaz polluants).

     

    La réaction

    Une lettre de griefs est envoyée le 18 septembre par l'EPA aux dirigeants du groupe allemand aux États-Unis, Michael Horn. Volkswagen ne répondra que deux jours plus tard via un communiqué laconique de son PDG, Martin Winterkorn, qui regrette alors «personnellement, et profondément, que nous ayons déçu la confiance de nos clients et du public.» Winterkorn posera sa démission trois jours plus tard. Depuis la révélation du scandale, la marque allemande a perdu 12% de sa valeur.

     

    Les contrôles anti-pollution

    Certains «trucs» permettent par exemple de peser sur les résultats, comme le fait d'alléger au maximum le poids du véhicule testé ou pratiquer le test aux températures les plus hautes autorisées parce que c'est là qu'il aura les meilleures performances énergétiques. Pas très éthique mais pas interdit pour autant.

    Les conséquences/ résurgences

    Le groupe s'attend donc à un résultat pour 2015 nettement inférieur à celui de l'année précédente. Cette perte historique reste toutefois moins importante que celle prévue par les analystes interrogés par Factest à la suite du scandale des moteurs diesel truqués. L'action Volkswagen a d'ailleurs pris plus de 3% à la Bourse de Francfort dans la foulée de la publication de ses résultats. Lors de la révélation du scandale, le titre boursier du constructeur automobile avait perdu près de 35% de sa valeur en deux jours. Et près de 25 milliards d'euros de capitalisation boursière s'étaient envolés 48 heures après la divulgation du scandale.

    Renault

     

    Un certain nombre d’anomalies avait été relevé sur des véhicules Renault. Les contrôles effectués dépassaient vraiment de beaucoup les normes autorisées. C’est aussi le cas d’autres constructeurs, dans une mesure différente. Il pourrait donc y avoir d’autres enquêtes. C’est une question de justice et je n’interfère pas. C’est à l’enquête de déterminer si Renault a utilisé un logiciel truqueur comme l’a fait Volkswagen. La justice dira s’ils ont juste utilisé les failles du système. 


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