• Réparations dans l'impasse ou dialogue de sourds

                      Les faits sont là : 12 millions d’Africains ont été déportés aux Antilles et dans les Amériques.

     A l’abolition, 126 millions de francs ont été octroyé aux planteurs. Les Affranchis n’ont reçu aucune compensation frontière ou financière.

     Il semble que l’oubli du passé prôné par le gouverneur Rostoland soit encore de vigueur.

     On peut se demander pourquoi. Les descendants de planteurs qui constituent à peine 1% de la population antillaise ont reçu en héritage une fortune et un pouvoir économique qu’ils comptent garder et fructifier à l’extérieur (Hayot-Huygues-Despointes) dans l’industrie de la distribution.

    Ils ont gardé avec l’Etat une sorte d’alliance naturelle troublante mais compréhensible.

     Qu’en ont tiré les descendants noirs ?

     Il en ont tiré la paupérisation. L’histoire a impacté sur la trajectoire sociale de beaucoup de descendants d’esclaves.

     Le racisme et les discriminations nourris par la persistance de la hiérarchisation et de la catégorisation raciale.

     Avancées fortes et symboliques.

     Force est de constater que seules des avancées symboliques ont été consenties, gagnées de hautes luttes. Car l’enjeu était de taille. Faire rentrer dans la loi française et dans les mentalités, des droits des descendants d’esclaves, notamment la possibilités de poursuivre et de condamner une personne coupable de discrimination et de racisme.

     Ainsi, nous avons au moins trois instruments à notre dispositions :

     2001 : la loi Taubira instaurant l’esclavage comme crime contre l’humanité

     Une date, le 10 mai commemorant l’abolition

     2008 : l’intégration de l’enseignement de l’esclavage dans les programmes scolaires du secondaire.

     La réparation dans l’impasse

     On reste dans l’impasse car beaucoup pensent que la réparation devrait venir de la bonne volonté des industriels et descendants de famille de planteurs.

    Les politiques et même le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires de Louis-Georges Tin) et autres associations ne se mouillent pas par peur d’être traité de rêveurs ou de perdre de la crédibilité.

     Bizarrement malgré le fait que les propositions du CRAN  ne sont pas si révolutionnaires ou radicaux qu’on pourraient le penser, ils suscitent de la méfiance. Est-ce parce qu’ils mettent en avant les droits des noirs. Je le crois. Les français sont opposés à la question de « race ».

     Le CRAN est peut être l’une des seules associations à poser ouvertement la question des noirs en France en termes de « race », de couleur.

    Cependant, Quand ils parlent de réparations, c’est en s’inspirant de l’expérience des afro-américains et de la Banque JP Morgan.

     Cette compagnie a profité de l’esclavage car dans les années 1830, elle accordait des prêts aux planteurs en acceptant des esclaves comme garantie ou caution. Quand ces planteurs ne pouvaient pas payer, elle récupérait les esclaves. Entre 1831 et 1865, ils ont disposé de près de 15 000 eslaves. En 2005, la MP Morgan lance un programme universitaire qui consiste à payer des droits d’inscription à des étudiants méritants, à offrir des bourses et des stages avec des possibilités d’embauche.

     

                    En conclusion, le sujet des réparations reste tabou et se limite au cercle discrets des érudits, intellectuels et patriotes indépendentistes en pleine conscience de l’enjeu.

     Ce sujet, nous le souhaitons, devrait rentrer dans le débat politique car il est au coeur même de la question du développement économique, de la justice et de l’équité sociale. Il nous apparait étonnement bizarre que les descendants de békés et colons puissent hériter de la fortune issue de l’esclavage et refusent d’honorer des dettes qui ne sont pas morales, certes non quantifiables mais palpables, visibles en ce qui concerne en Martinique l’occupation des bonnes terres et la concentration des richesses dans les mains d’une aristocratie presque invisible et qui vit en vase-clos.

     La décision de l’Etat français d’accorder aux descendants de juifs afro-américains un montant de 60 000 euros de dédommagement par la SNCF (de Vichy)  du fait de l’acheminement de ces juifs dans les camps nazis (70 ans après) va peut-être (et nous l’espérons) ouvrir le débat.

    En fait, l’accord devrait être signé le lundi 7 décembre 2014 et serait le résultat effectif des pressions politique exercées par les lobbies juifs qui mettaient en péril des contrats de la SNCF sur le sol américain (Floride).  Il faut noter que la SNCF n’a pas pris part à ces accords bien qu’elle soit concernée au premier plan.

     Entre une indemnisation de 60 000 euros et un contrat de 4.7 milliards de dollars, il est vrai que d’un certain point de vue, on peut comprendre M.Hollande. L’argent et le pouvoir font oublier la morale et l’éthique. Décidemment, je ne serai jamais chef d’état ou chef de parti!

    Bibliographie :

     Randall Robinson, What America owes to Black.

     

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/12/05/etats-unis-paris-va-indemniser-les-victimes-de-la-shoah-transportees-par-la-sncf_4535530_3222.html

     


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